Commissariat / curated by Akim Pasquet.

Exposition collective avec : AAHT, Bruno Baltzer & Leonora Bisagno, Marie Bouts & Till Roeskens, Élodie Brémaud, Rebecca Brueder, David Casini, Laurie Dall’Ava, Nicolas Daubanes, Gaëlle Foray, Noémie Huard, Eugène Jouanno, Valérie Jouve, Quentin Lazzareschi, Antoine Palmier-Reynaud, Mili Pecherer, Johanna Perret, Guillaume Pinard, Jean-Xavier Renaud, Manon Recordon, Elsa Rossler, Momoko Seto et Rémi Voche.

Vernissage le 1er juillet 2021 à 18h30 /opening on July 1st 2021 at 6:30pm.

« Mais comment ressentir encore le sublime, à l’Anthropocène, puisque nous sommes désormais une force géologique de grandeur comparable aux chaînes de montagnes, aux volcans, à l’érosion ; question brutalité, c’est nous, nous les Modernes, qui en avons gorgé notre âme au point, là encore, de rivaliser avec la nature – nous qui partageons désormais le même devenir-rocher ? »

Bruno Latour, Face à Gaïa

La montagne est là, s’impose, n’a souci d’elle-même, ne désire être vue, mais pourtant nous surplombe, géante, inhumaine, magnétique. « La nature n’est qu’un autre nom pour l’excès », dit William James.

L’embrasser du regard est possible à une certaine distance, perception vertigineuse qui imprime dans le corps humain une sensation d’insignifiance. Mais au corps à corps, le contrat est clair : il faudra s’adapter.

Le Voyageur, l’Obstacle, la Grâce est une exposition née des influences telluriques de la montagne, des attachements que les peuples humains nouent avec elles : de la contemplation à la traversée, jusqu’à l’exploitation industrielle et touristique, le fantasme occidental romantique de la Nature s’effrite, pour laisser place à une réalité de terrain brutale, mais pas moins mystique.

Vivre ici, dans un territoire hostile mais stratégique, entre le ciel et la terre, c’est d’abord se sentir étranger. La montagne nous rappelle qu’il n’y a aucune évidence à se tenir dans un lieu, qu’habiter ne va pas de soi. Qu’il s’agira de tisser des alliances avec le terrain, de faire la carte et pas le calque, c’est-à-dire d’instaurer des liens entre des points singuliers, en tracer d’autres, puis tendre de nouvelles lignes qui nous affectent, nous impressionnent, selon un chemin sensible qui nous est propre.

Lieu du sublime pour certains, lieu de la survie pour d’autres, les œuvres réunies au Centre d’art de Briançon figurent ce que signifie fouler le corps d’une altérité vivante, mue par des profondeurs qui nous échappent, ou encore vivre à ses pieds, traversé par son imaginaire. Entre errance et visions, le Voyageur, l’Obstacle, la Grâce traduit cette tension : celle de la survivance de traces laissées par des récits sensibles dans ce lieu commun, témoignages d’un devenir minéral, d’une mise en relation.

Akim Pasquet

David Casini, Baby Tschu-Tschu, 2021, cuivre, pierre minérale, email synthétique, impression U. Dimensions variables. Unique
Artist info Press release