Le projet de la Galerie Valeria Cetraro pour Paréidolie 2022 réunit une sélection d’œuvres du duo Pia Rondé & Fabien Saleil et de Pierre Weiss. Il s’agit d’artistes de différentes générations, ayant en commun une pratique du dessin en relation étroite avec leur pratique sculpturale. Cela concerne aussi bien les géométries déployées que le choix des supports et de leur matérialité.

Les œuvres de Pia Rondé (1986) & Fabien Saleil (1983) s’inscrivent dans des formes plastiques ouvertes, pouvant renvoyer à des récits labyrinthiques, à des structures minimales, marquées par une rigueur architecturale et un besoin géométrique, mais également par une sensibilité au monde du vivant.

L’œuvre Les chagrins, 2021 a été réalisée par le duo d’artistes dans le cadre de leur dernière résidence organisée par le Centre d’art Le Lait, en collaboration avec la mégisserie Eurêka à Graulhet. Les peaux en cuir vouées à la perte deviennent les pages sur lesquelles dessiner à grande échelle et suivant différentes techniques. Dans ce cas c’est une fraiseuse qui a tracé le dessin initialement réalisé par les artistes à plus petite échelle. Ici, la couleur des cuirs intervient dans la géométrie d’un espace dessiné en filigrane.

Poursuivant l’expérimentation des supports, l’œuvre Stratifications, 2022 est un dessin à l’encre de Chine réalisé sur des plaques de verre céramique. Nous sommes ici face à une œuvre à la double lecture. Si la proximité avec le dessin dévoile une multiplicité de détails évoquant aussi bien des textures végétales que minérales, ces derniers sont pris dans une forme géométrique dont la brillance, estompant leur perception, amène le spectateur éloigné à s’engouffrer dans une noirceur vertigineuse.

Dans la continuité de cette œuvre, est également exposé un corpus de dessins à l’encre de Chine et monotype sur papier, Stratification, 2022.

L’idée, et même l’obsession, qui parcourt l’œuvre de Pierre Weiss (1952), ce sont les espaces contraignants et comment s’en extraire. La géométrie présente dans les œuvres de l’artiste n’appartient pas à une sphère transcendantale, mais se fait l’équivalent de dispositifs coercitifs bien réels, compris comme principes d’enrégimentement des activités et des désirs humains. L’enjeu est alors de mettre à jour la façon dont les intensités qui traversent les corps s’en échappent toujours. Si Pierre Weiss a peint, sculpté, filmé cette obsession, c’est ici par le dessin qu’elle s’exprime.

Dans la série MARKETPLACE OF EMOTION (marché des émotions)1993-2021, l’artiste dessine au crayon, sur des feuilles en papier métallisé normalement destinées à l’impression numérique. La série met en tension l’abstraction graphique des traits et une dimension corporelle, à l’image d’un électrocardiogramme ou d’une partition qui traduit des variations intérieures.

Dans l’ensemble OUTILS, 2014, par la démultiplication des empreintes d’une équerre, outil emblématique permettant habituellement aux architectes de déployer les tracés géométriques des constructions à venir, l’artiste dessine des grilles où l’espace se referme paradoxalement sur lui-même.

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