du 23 mai au 20 juin 2015
from May 23rd to June 20th
L’exposition double décor rapproche selon un réseau d’affinités une sélection d’œuvres d’Eléonore False et Ana Vega, en mobilisant la pluralité de leurs moyens d’expression. Après une première étape du projet, où leurs pièces se mêlaient au sein d’un hôtel particulier d’Aix-en- Provence, cette mise en dialogue se redéploie dans la galerie See studio en un double espace investi individuellement par les deux artistes.
De cette confrontation émergent plusieurs points de rencontre de leur pratique respective, en particulier autour d’une appropriation commune de motifs et d’images qui sont ensuite retraitées par agrandissements ou fusionnées avec d’autres éléments. Cette méditation à deux voix sur la matérialité et la mise en forme de l’image recourt à différentes opérations de traitements et de manipulations, en passant du plan au volume, en se déployant du sol au mur, en convoquant re ets et mouvements, en utilisant la fragmentation, la découpe, le pliage ou la superposition, et en variant échelles, surfaces et couleurs. Il s’agit ainsi de mettre en évidence l’exploration partagée par Eléonore False et Ana Vega des potentialités volumétriques de l’image et de souligner deux principes essentiels qui guident leur réflexion : la figure du dédoublement et la question du décor.
L’une et l’autre parviennent à créer, au moyen d’un vocabulaire esthétique propre, une même tension singulière entre séduction visuelle et trouble illusionniste. Leur rapprochement donne l’occasion de mesurer la cohérence de leur parcours depuis leur formation menée en parallèle, initialement en arts appliqués du textile puis à l’ENSBA. Un double enseignement qui a marqué de son empreinte leur intérêt équivalent pour les multiples dimensions du décor et ses interrelations avec les domaines de l’ornement, du théâtre ou encore du cinéma. Ce sont aussi des références au corps, au geste et à la danse qui viennent régulièrement façonner leurs propositions.
Eléonore False puise dans des ouvrages de diverses disciplines un vaste répertoire de sources iconographiques, parfois anciennes, qu’elle collecte dans des albums. Souvent photocopiées, les images retenues sont retravaillées manuellement par une série d’actions simples qui leur redonne forme, puis imprimées jusqu’à la monumentalité dans un rapport contrasté jouant des effets de trames. Les œuvres ici réunies développent une idée générale de circularité et tendent vers l’abstraction, bien que leurs représentations presque intemporelles demeurent identifiables. Le collage de deux documents aux motifs de pinces et d’ombres s’apparente ainsi à une tapisserie une fois reproduit à l’échelle d’un mural. L’image évidée d’un bracelet métallique ornementé simule en anamorphose une béance organique dans un angle, tandis qu’au sol une structure conique massive restitue une installation de Kazuo Shiraga, réalisée en 1955 lors d’un festival en plein air du groupe japonais Gutai. Avec une déconcertante évidence, ces images-sources transmuées semblent reprendre vie dans l’espace et établissent une nouvelle relation avec le corps en mouvement du spectateur.
Ana Vega, quant à elle, privilégie les codes vivement colorés de l’univers publicitaire pour personnifier des objets et isoler des messages allusifs à l’aide de l’outil numérique. Soucieuse de révéler les artifices de la post-production, elle exploite également des supports très variés de monstration de l’image. Son intervention fonctionne en l’occurrence comme une succession d’écrans qui agissent à la manière de filtres, qui montrent autant qu’ils dissimulent. Dressée tel un paravent, une structure dépliante commerciale porte sur des laies de papier photographique translucide un slogan équivoque – « for a false lash effect » (sic) – provenant d’un détail de packaging de produit cosmétique. Véritable synthèse des préoccupations de l’artiste, la vidéo en trois volets She, tournée en Californie, emprunte au format du clip musical ou du spot publicitaire pour dérouler des micro-récits enlacés où le personnage principal d’un pare-soleil se voit voler la vedette par une Mercedes. Se retrouvent dans cette chorégraphie savamment mise en scène plusieurs types de surfaces-écrans (pare-brise, vitre, affiche, panneau publicitaire…), lesquelles conjuguent à nouveau transparence et opacité.
Alexandre Quoi
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