Est-ce possible de parler d’émancipation sans tenir compte des facteurs d’enfermement? Est-ce possible de réfléchir aux implications éthiques qui résonnent à travers les choix formels de l’artiste sans les mettre en dialogue avec l’expérience sociale et intime de son corps ? La rencontre avec Pierre Weiss a été l’occasion de réfléchir ensemble à ces questions, non pas pour trouver une seule réponse, mais pour essayer d’avancer à l’intérieur d’une pratique artistique où la pensée se construit à travers et à partir du corps. Un corps situé, loin de se prétendre neutre ou universel, avec une pratique spécifique de l’espace social, qui se traduit dans son attention aux architectures et aux conditionnements qui organisent, limitent et transforment nos vies. Car là est toute la riche ambiguïté de sa pratique : est-ce possible d’envisager des ouvertures, si on ne figure pas les grilles qui nous subissons, acceptons ou désirons? Et si tout se jouait à l’intérieur même des conditions concrètes dans lesquelles agissent nos corps, entre les choses, et non pas en projetant un horizon idéalisé de libertés?

Extrait du texte « Apprendre l’équilibre par la chute » de Pedro Morais

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Is it possible to speak about emancipation without considering imprisonment? Is it possible to think about ethical considerations, present in the artist’s formal choices, without putting them in relation to the intimate and social experiences of the artist’s body? A conversation with Pierre Weiss was the occasion to reflect upon these questions together. The goal was not to find a unique answer but to know more about an artistic experience where thought is built through and from the body. A body in situation -far from pretending to be neutral or universal- with a specific practice of social space. This is conveyed in his attention to the architectures and conditioning that organize, limit and transform our lives. This is where the rich ambiguity of his practice lies: is it possible to find openings if we do not know the closing mechanisms we accept, desire or are subject to? What if it was all a matter of the concrete conditions in which our bodies evolve, amongst things, and not a matter of projecting an ideal perspective of freedom?

Excerpt from the text « Learning to balance by falling », by Pedro Morais